La SUDEP (Sudden Unexpected Death in EPilepsy), ou mort subite et inattendue dans l’épilepsie, désigne le décès soudain d’une personne épileptique sans cause apparente identifiable. Bien que rare, elle représente l'une des principales causes de mortalité chez les personnes atteintes d’épilepsie.
Quels sont les mécanismes qui expliquent ces décès ? Quels sont les facteurs de risque ? Comment peut-on les prévenir ? Cette page vous apporte des réponses pour mieux comprendre la SUDEP et adopter les bonnes pratiques afin de réduire les risques.
Découvrez ci-dessous des informations essentielles sur la SUDEP et les moyens de prévention à travers les questions les plus fréquentes.
On parle de mort subite et inattendue dans l’épilepsie (MSIE) ou SUDEP (pour Sudden Unexpected Death in EPilepsy) lorsqu’une personne atteinte d’épilepsie meurt soudainement et prématurément sans qu’aucune autre raison ne soit trouvée pour expliquer son décès.
Les causes ou mécanismes de
survenue des SUDEP ne sont pas encore clairement établis. Les SUDEP surviennent
généralement pendant la nuit ou pendant le sommeil, après une crise généralisée
tonico-clonique.
Les chercheurs se concentrent sur
des perturbations cardiaques et respiratoires. Un arrêt respiratoire puis
cardiaque suite à un dysfonctionnement d’origine cérébrale serait la cause de
SUDEP la plus probable. Pendant les crises généralisées, on observe souvent des
changements dans la respiration et le rythme cardiaque, qui ne présentent pas
de danger pour la plupart des personnes épileptiques. Cependant, dans certains
cas, la crise est associée à une baisse plus importante de l'oxygène dans le
sang et la respiration ainsi que l’activité cardiaque ne reprennent pas
d’elles-mêmes à l’issue de la crise. Ce phénomène pourrait être dû à un
dysfonctionnement au niveau cérébral du contrôle de la respiration et la
fonction cardiaque. Les chercheurs étudient également les liens génétiques
entre les crises et ces anomalies du rythme cardio-respiratoire.
Les SUDEP sont rares mais
représentent une des causes les plus fréquentes de décès liés à l’épilepsie.
Environ 1,1 à 1,3 personnes atteintes d’épilepsie pour 1000 meurt
chaque année d’une SUDEP chez l'adulte comme chez l’enfant. Le risque de SUDEP
est particulièrement élevé en cas de crises tonico-cloniques de survenue
nocturne. Ces morts subites surviennent plus fréquemment chez de jeunes adultes,
avec une médiane d'âge autour de 30 ans. Ce risque est proportionnel à la
fréquence des crises et diminue donc fortement si l’épilepsie est contrôlée par
le traitement (disparition des crises).
Les crises
généralisés tonico-cloniques (ou crise « grand mal ») représentent le
premier facteur de risque de SUDEP (risque de 3 à 15 fois plus élevé par
rapport au risque global de 1 pour mille). Plus ces crises sont fréquentes,
plus le risque de SUDEP est élevé.
Le risque augmente aussi si ces
crises généralisées sont nocturnes ou se produisent pendant le sommeil (risque
15 fois plus élevé)
Dans les cas
d’épilepsies complexes, souvent associées à un trouble du développement
intellectuel comme les encéphalopathies épileptiques et plus particulièrement
certains types d’épilepsie comme le syndrome de Dravet, le risque de SUDEP
serait alors 4 à 5 fois plus important par rapport au risque moyen.
La présence de symptômes
respiratoires pendant ou après une crise, la survenue brutale de la crise
entrainant l’impossibilité d’alerter quelqu’un, ou bien une chute lors de la
crise, ont été récemment identifiés comme facteurs de risque.
D’autres
facteurs ou conditions ont également été repérés : une mauvaise observance
du traitement, la présence de troubles dépressifs ou d’antécédents de
dépression ainsi que la prise d’anxiolytiques ou celle de psychotropes, un âge
de début de l’épilepsie précoce, la présence d’une réduction de la variabilité
du rythme cardiaque, une modification fréquente du traitement antiépileptique
(reflet de la pharmacorésistance) ou encore la consommation d’alcool. Cette
liste n’est pas exhaustive. Bien qu’aucune étude n’ait formellement montré
l’impact du stress, du fait de son association avec le système nerveux autonome
et le fait qu’il favorise le déclenchement de crise d’épilepsie, le stress est
un facteur à prendre en compte.
La meilleure façon de réduire le risque de SUDEP est de limiter le plus
possible la fréquence des crises en particulier généralisées. Il est donc
indispensable d’avoir une bonne hygiène de vie (sommeil suffisant, éviter les
stress, limiter la consommation d’alcool) et de ne pas oublier son traitement. L’utilisation d’un pilulier ou une alerte
sur le téléphone portable peuvent être très utiles pour la prise quotidienne du
traitement.
Si le patient est confronté à un
stress, s’il souffre de troubles anxieux ou de troubles dépressifs, il doit en
parler avec son médecin traitant ou son neurologue afin de pouvoir bénéficier
rapidement d’un un traitement adapté, médicamenteux et non médicamenteux
(mindfullness, psychothérapie, activité physique adaptée …). Toute période
marquée par un événement ou une échéance entrainant un changement dans le mode
de vie ou à fort impact émotionnel (examens scolaires, départ du domicile
parental, mariage, naissance, décès d’un proche, séparation d’avec un conjoint,
licenciement, intervention chirurgicale, voyage lointain …) doit être
considérée comme à risque majoré.
Le patient souffrant d’épilepsie doit consulter un neurologue ou un neuropédiatre chaque année afin de réévaluer le traitement en fonction du contrôle des crises et de reconsidérer les facteurs de risque modifiables (observance, adaptation du traitement, problème avec l’alcool, présence de troubles dépressifs, surveillance nocturne, position ventrale pendant le sommeil, évaluation en vue d’une chirurgie de l’épilepsie…).
Pour réduire le risque le risque quand une personne vient de faire une crise généralisée tonico-clonique, il faut la surveiller et la stimuler dès la fin des convulsions. En effet, l'étude européenne MORTENUS a montré que le risque de décès par mort subite est maximal dans les 3 à 10 minutes qui suivent la fin des convulsions. Parler, toucher, secouer ou retrouner la personne après la crise constitue une stimulation externe qui peut favoriser la reprise de la respiration. Pour éviter le risque d'inhalation, la personne doit être mise en position latérale de sécurité dès que possible, avant même la fin des convulsions. Dans tous les cas, il faut vérifier que la personne respire, en plaçant la main sur sa poitrine.
L’utilisation d’oreiller alvéolé (tel
que Breathe-Zy®) est recommandée afin de limiter l’étouffement en cas de
crises durant le sommeil. Comme pour les morts subites du nourrisson, il est
également recommandé de ne pas dormir sur le ventre.
En cas de crises généralisées
nocturnes, un babyphone peut parfois suffire à alerter des crises toutefois
l’utilisation d’un dispositif permettant de détecter et d’alerter en cas de
crise (pour les enfants en particulier) apparaît comme une solution pertinente.
On peut citer pour exemple quelques dispositifs actuellement commercialisés en
France : Les dispositifs Epi‐Care® et Emfit® qui réagissent aux mouvements
tonico-cloniques et permettent une surveillance plus fine avec un taux de
fausses alertes acceptables. Le système Emfit® peut toutefois déclencher une
alarme lorsque la personne quitte le lit. Plus récemment, le bracelet sans fil
Nightwatch®
développé aux Pays‐Bas mesure la fréquence cardiaque et enregistre les
mouvements de la personne endormie avec des performances intéressantes.
A noter que la Ligue
Française contre l’Epilepsie n’a aucun lien d’intérêt avec les fournisseurs
suscités et décline toute responsabilité en cas de mauvais fonctionnement.
La connaissance et la prise de conscience du risque de SUDEP est le premier pas vers la prévention. Il est essentiel que toutes les personnes avec épilepsie soient informées du risque de SUDEP et des facteurs de risque qui y sont associés. Se renseigner sur ce sujet est aussi crucial que de se renseigner sur les risques de blessures ou d'accidents pouvant survenir lors d'une crise. Être informé de la SUDEP permet au patient et à ses proches de prendre des décisions éclairées concernant sa santé.