La prescription d'acide folique à dose élevée (supérieure ou égale à 1mg par jour) est-elle sans risque pour le bébé ? Dans une étude multicentrique scandinave, portant sur plus de trois millions de bébé, le risque de cancer est augmenté chez les enfants de mères épileptiques traités par des doses élevées d'acide folique. Un résultat à considérer avec prudence, et qui nécessite des confirmations, car les sources de biais sont nombreuses et l'absence de risque chez les enfants de mères non épileptiques également exposés aux fortes doses n'est pas compris.
Le lien vers le résumé en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36156660/
On vous laisse écouter !
Au cours d'une grossesse chez une femme épileptique, l'administration d'acide folique ou folates avant la conception permet de diminuer le risque de malformations induites par les traitements antiépileptiques. C'est la raison pour laquelle il est pratique de prescrire l'acide folique le plus tôt possible dès qu'un projet de grossesse apparaît.
L'étude que je vais présenter est une étude qui a été conduite dans les pays scandinaves : Danemark, Norvège et Suède et qui a concerné plus de 4 millions de naissances, de cohortes de registres de grossesse.
A partir de ces cohortes ils sont arrivés à constituer en éliminant un certain nombre de sujets, un total de plus de 3 millions d'enfants, suivis en moyenne jusqu'à l'âge de sept ans, à partir de 97 ou jusqu'à 2017 en fonction de la présence d'une épilepsie chez la mère ou de l'absence d'une épilepsie et de la présence d'une prescription d'acide folique à haute dose.
Alors ici hautes doses signifiées supérieure ou égale à un milligramme par jour. Et c'est vrai que les dosages de cinq milligrammes par jour, par exemple, sont fréquemment donnés. Ou alors pas de prise d'acide folique à haute dose.
Ou alors des mamans qui n'ont pas d'épilepsie et qui reçoivent des doses d'acide folique ou pas de doses d'acide folique. Et en fait, ces enfants, cette cohorte de plus de 3 millions d'enfants va être suivie et le nombre de cancers va être dépisté. Et ici, vous avez le nombre d'enfants avec des cancers 18, 29, 69 et 4927.
Ce sont des chiffres qui sont évidemment très variables, mais ils dépendent forcément de la population totale de grossesse qui a été suivie. Voyez qu'ici la majorité des grossesses appartient à ce groupe. Donc le but de l'étude est de voir si l'incidence qui est relevée, notamment chez les mamans qui ont reçu de hautes doses de folates et à un niveau attendu ou supérieur à ce qui serait attendu chez des femmes qui n'avaient pas eu ce type de traitement.
Donc, l'ensemble des paramètres sont mis en cause. Ici si vous avez les traitements qui ont été administrés, quand vous voyez que majoritairement les grossesses ont eu lieu sous la Lamotrigine, également sous Carbamazepine ou sous Levetiracetam et encore quelques grossesses sous valproate. Et à partir de ça, on va corréler la prise ou pas de fortes doses d'acide folique dans le contexte d'une épilepsie maternelle évidemment.
Donc ce qu'on va voir ici, c'est d'abord l'incidence de malformations congénitales anormales qui n'est pas très différente que les mamans et ou pas une épilepsie et qu'il y ait ou pas des fortes doses d'acide folique. Et enfin là, sur une éventuelle de cancer chez l'enfant. Donc voyez ici vous retrouvez les chiffres qui sont à la fin de ce flowchart et qui sont cette fois stratifiés en termes d’incidence, donc de risque par rapport à la population et le ratio de risque et supérieur à deux chez les femmes qui ont d'une part une épilepsie et d'autre part qui ont été exposés à de hautes doses d'acide folique.
Voyez par exemple les femmes qui n'ont pas d'épilepsie et qui sont exposées à de fortes doses d'acide folique, non pas elles ce risque augmenté. Ceci apparaît dans le schéma que vous voyez ici. Vous avez ici les femmes qui ont une épilepsie et qui vont prendre ou pas l'acide folique. Et il s'agit là de l'incidence cumulative, c'est à dire au cours du temps après la naissance de la survenue de cancer.
Et vous voyez que la courbe orange est représentée par les enfants qui ont été exposés in utero à de fortes doses d'acide folique. Cet effet, cette différence qu'on voit ici, elle n'est pas visible sur les courbes qui sont tirées des femmes qui n'ont pas d’épilepsie.
Donc la question qui était est-ce que les femmes, les enfants qui ont été exposés in utero à de hautes doses d'acide folique ont un risque augmenté de cancer dans cette cohorte et il existe une augmentation de ce risque.
Alors il n'est pas simple à expliquer parce que, comme vous l'avez vu, ce risque n'est pas observé chez les femmes exposées à des grosses doses d'acide folique sans épilepsie. Peut-être qu'il y a d'autres paramètres qui ne sont pas pris en compte dans cette étude. Mais quoi qu'il en soit, la connaissance de ce risque augmenté peut être pris en compte dans la balance bénéfices et inconvénients de cette prescription d'acide folique. Donc, je vous rappelle quelle est la nécessité, par le souci de réduire le risque de malformations, y compris d'ailleurs chez des femmes qui n'ont pas d’épilepsie.