Les crises non épileptiques psychogènes peuvent être interprétées comme des états de mal épileptiques et conduire à des prises en charges intensives inappropriées. Dans cette étude, 20% des "états de mal" pris en charge dans la tranche d'âge 15-29 ans s'avéraient être des erreurs diagnostiques. ET ce n'est pas sans conséquences....
Lien vers le résumé : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34362852/
On vous laisse écouter !
Les crises non épileptiques psychogènes sont des manifestations cliniques souvent bruyantes, impressionnantes, qui ne relèvent pas de décharges électriques dans le cerveau. Il s'agit de manifestations d'origines psychologiques, on parle de crises dissociatives. Les termes sont très discutables en général car il n'est pas du tout dans l'intention de faire penser qu'il s'agit de manifestations volontaires intentionnelles. Il s'agit en pratique d'une perte de contrôle dans la conscience et les mouvements.
Bref, la complication principale de ces crises, qu'on peut aussi appeler crise dissociative, sont notamment, du fait de leur caractère souvent prolongé, une interprétation erronée par les médecins qui prennent en charge ces manifestations comme étant d'origine épileptique et particulièrement comme étant lié à un état de mal épileptique. Or, l'état de mal épileptique est une complication grave de l'épilepsie et des crises épileptiques et conduit à une prise en charge intensive. Donc le risque est de commettre une erreur et de partir sur une prise en charge intensive et inefficace de manifestation qui ne connaissent pas d'origine épileptique.
Alors cette étude reprend en fait des données qui sont déjà connues, qui viennent de deux études, Rampart et ESETT, qui sont des études qui ont porté sur la prise en charge précoce des états de mal épileptiques.
En fait, les auteurs ont commencé par reprendre un peu les données générales publiées dans diverses études, dont les deux, dont je parle ici, encadraient de rouge. L'étude Rempart, qui prenait en charge notamment des enfants et des adultes, et l'étude ESETT, qui également prenait en charge des enfants de + de deux ans et des adultes.
Et ces études qui ont concerné des populations assez importantes. Au total, 1210 patients qui ont été traités pour un état de mal ont connu un taux de mauvais diagnostic de l'ordre de 7 à presque 10%. Et ce taux de mauvais diagnostic était 100% lié à des crises non épileptiques, psychogènes PNIES, donc des crises dissociatives.
Alors les auteurs ont regardé un peu comment se distribuer. Qu'est-ce qui pouvait expliquer ce genre de prise en charge erronée ? En fait, sur les 980 patients de ces études qui étaient âgés de huit ans ou plus, 79 présentaient des CNEP, soit 8,1 % c'est le chiffre global d’erreur de diagnostic, 55% - 70 % des patients étaient de sexe féminin. Cette prévalence augmentée féminine au sein de cette population affectée de CNEP est connue depuis longtemps et on est toujours autour de chiffres qui sont un peu au-dessus des deux tiers.
L'âge moyen est de 32 ans et l'écart va de 8 ans pour le plus jeune, jusqu'à 84 ans pour le plus âgé. Alors ce qui est intéressant dans ce tableau, c'est de voir comment se distribue cette population en fonction de l'âge.
Vous voyez qu’alors que chez les enfants de 8 à 14 ans, les adultes d'âge moyen 30, 44, 45, 59, 74, plus de 75 ans. La proportion est un peu en dessous des 10 %, mais que dans la population d'adolescents et jeunes adultes entre 15 et 29 ans, on monte à 20 % des CNEP, 20 % des états de mal épileptiques qui sont en fait des CNEP ayant conduit à un mauvais diagnostic avec toujours une augmentation de la prévalence dans la population féminine.
Donc près de 20 % des états de mal qui sont pris en charge sont en fait dans cette population du jeune adulte et de l'adolescent des crises non épileptiques psychogènes.
Comme le soulignent les auteurs, aucune des études ici mentionnées qui donc s'intéressait aux états de mal, à la prise en charge immédiate des états de mal, n'avaient de procédure spécifique mise en place pour reconnaître et exclure ces CNEP. C'est vraiment un problème car on voit qu'on retrouve dans ces patients-là de fréquentes erreurs diagnostiques.
Et ces erreurs diagnostiques ont des conséquences en termes notamment d'effets secondaires liés à la prise en charge. Et voyez que les effets indésirables peuvent être extrêmement fréquents. En gros, on a 30 effets indésirables reconnus chez 23 patients présentant des CNEP et certains sont même qualifiés de très sévère. Il s'agit d'un accident vasculaire cérébral, de dépression, de niveau de conscience et d'une dépression respiratoire pour trois effets secondaires.
Une étude qui attire l'attention sur ce problème très courant, sans doute mal estimé, de l'erreur diagnostique et du risque de prise en charge intensive de patients comme des états de mal épileptiques, alors qu'il s'agit en fait des crises non épileptiques psychogène.
Retrouvez tous les podcasts sur nos réseaux sociaux