Une étude norvégienne en population générale permet d’estimer la prévalence des crises non épileptiques psychogènes (CNEP) et montre sa prédominance importante pendant l’adolescence et chez la jeune fille.
[Lien vers le résumé en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34075579/]
On vous laisse écouter !
Les crises non épileptiques psychogène ressemblent à des crises épileptiques, mais qui n'en sont pas. En fait, les facteurs en cause sont problèmes psychologiques, psycho sociaux. Le terme de psychogène est censé témoigner de cette cause.
Néanmoins, on préfère aujourd'hui utiliser celui de crise fonctionnelle, de trouble fonctionnel ou éventuellement de crise dissociative.
Il s'agit de s'intéresser au diagnostic de crise non épileptique psychogène.
Les auteurs norvégiens ont accédé à un registre de cotation de maladies basé sur la population, donc assez général, et ont relevé là-dedans tous les patients qui pouvaient éventuellement relever de ce type de diagnostic.
Coder ici F44.5 ou R56.8 c'est-à-dire que tout le conversif ou crises non spécifiées. Ils sont allés regarder dans les dossiers médicaux.
D'après ces dossiers, ils ont établi un diagnostic de crise psychogène avec quatre niveaux de probabilité, soit possibles lorsque l'institut est porté uniquement par des témoins et qu'il n'y a pas d'anomalie sur l'électro probable, lorsque ce sont les médecins qui ont vu les épisodes et qu'à nouveau, on n'a pas d'anomalie sur l'électroencéphalogramme. Établi cliniquement, lorsque ce sont des épileptologues, des neurologues spécialisés dans le domaine qui ont vu la vidéo ou ont assisté à l'épisode toujours un critère négatif d’EEG. Ou enfin documenté lorsqu'il y a eu un enregistrement vidéo EEG en unité spécialisée. Et donc, ils ont regardé deux choses d'une part, l'incidence, c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas par an, et d'autre part, la prévalence, c'est-à-dire le nombre de cas dans une période donnée.
Donc l'incidence est distribuée en fonction de l'âge. Et voyez que dans la catégorie 5-14 ans, l'incidence est assez rare, elle est autour de 3 pour 100 000 personnes par an. Elle augmente entre 15 et 19 ans puisqu'on monte presque à 10 pour 100 000 personnes par an et elle redescend ensuite au-dessus de 20 ans, aux alentours de 2,7 pour 100 000 personnes par an. On voit la même chose avec la prévalence, c'est-à-dire en gros le nombre de personnes dans une population qui sont affectées par le problème, avec une prévalence qui est presque à 60 pour 100 000 personnes pour la population d'adolescents, alors qu'elle est d'environ 25 et 3 pour 100 000 personnes dans les populations plus âgées ou moins âgées. La prévalence moyenne des crises non épileptique psychogènes temporelles en général est estimée à 23 pour 100 000 personnes. Quel est le profil des patients qui sont touchés par ce trouble ? Ce sont essentiellement, et on le savait déjà, des femmes, des jeunes femmes. Voyez qu’on a environ 77 % de cas qui sont féminins et un âge moyen de 27 ans avec une fourchette de 11 à 78 ans. Le diagnostic est porté surtout en neurologie, mais aussi dans des centres spécialisés ou en pédiatrie.
Et le délai de diagnostic est un gros souci parce que ce sont des gens qui sont éventuellement exposés à des traitements inappropriés, notamment antiépileptique, va de 0 à 24 ans avec une moyenne de trois ans, ce qui est beaucoup.
Les auteurs concluent donc à la rareté de ce type de données. De fait, on a peu d'études et les précédentes études donne des chiffres un peu plus bas, sans doute lié au fait qu'il s'agit d'un diagnostic difficile à porter et relativement mal assumé au point de vue clinique. Ils arrivent donc à un total de prévalence de 23,8 pour 100 000, c'est à dire une prévalence qui est significative et qui à mon avis est encore sous-estimée et en tout cas constitue une bonne base pour réfléchir au poids que constitue ce trouble dans la santé publique.
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