Le traitement de l’épilepsie repose sur plusieurs piliers complémentaires :
Les traitements dits «anti-épileptiques» ont pour objectif d’empêcher ou de limiter le risque de crise d’épilepsie, tout en préservant une qualité de vie correcte, sans effets secondaires trop invalidants. Malheureusement, les médicaments actuels ne vont pas guérir l’épilepsie elle-même et devront être pris tant que l’épilepsie persiste. C’est la raison pour laquelle on les appelle de plus en plus des médicaments «anti-crises» plutôt qu’anti-épileptiques.
L’épilepsie est la conséquence d’une hyperexcitabilité des neurones du cerveau. Les neurones sont des cellules excitables qui génèrent des petits courants électriques leur permettant de communiquer entre eux. Au cours d’une crise d’épilepsie, une population plus ou moins importante des neurones du cerveau, du fait de leur hyperexcitabilité, produisent des décharges électriques, épileptiques, anormalement importantes, qui vont produire les symptômes ressentis par les patients. Les traitements anti-crises vont diminuer cette hyperexcitabilité des neurones. Il y a plusieurs moyens pour diminuer cette hyperexcitabilité, et les différents médicaments anti-crises n’ont pas le même mécanisme d’action, ce qui peut expliquer qu’un même médicament peut ne pas être efficace pour une épilepsie donnée et soit efficace dans un autre cas.
Cela dépend du médicament. Notre corps, notamment nos reins et notre foie, élimine les médicaments de façon continue. Cela explique qu’il faut prendre ces médicaments tous les jours.
Pour certains médicaments, cette élimination est lente et une prise par jour peut suffire. D’autres, sont éliminés plus rapidement, et il faut donc les prendre 2 fois, voire parfois 3 fois par jour. Dans tous les cas, il faut respecter les recommandations propres à chaque médicament, en préservant des intervalles relativement réguliers entre les prises.
Il faut fortement éviter d’oublier de prendre son traitement, car comme nous venons de le voir, le corps élimine les médicaments en continu, et si le patient oublie une, ou plusieurs, prises de médicaments, le patient ne sera plus protégé et le risque de crises existera, avec ses conséquences parfois importantes. Il sera alors particulièrement important de ne pas se placer ce jour-là en situation où la survenue d’une crise serait dangereuse (conduite, sports à risque,..).
Plusieurs petits moyens existent pour éviter d’oublier de prendre ses médicaments : l’utilisation d’un pilulier (très utile quand on a tendance à ne plus savoir si on a pris son traitement ou non !), mettre ses boites de médicaments dans des endroits « stratégiques » (près des céréales du matin, sur la table de chevet pour le soir, tout en faisant attention que ces endroits ne soient pas accessibles aux enfants), utilisation des alarmes sur son téléphone,…
Si malgré tout, vous avez oublié de prendre votre traitement, vous pourrez prendre la prise « ratée » au moment où vous vous en rendez compte tout en retardant la prise suivante pour préserver un intervalle raisonnable entre les prises.
Il sera alors important de disposer de quelques médicaments de secours sur soi au cas où on se rendrait compte de cet oubli à l’extérieur de son domicile.
Tous les traitements peuvent avoir des effets secondaires, surtout lors de leur initiation. Ne vous laissez pas impressionner par la longue liste détaillée sur les notices ! Que cette liste soit longue ne signifie pas que vous allez tous les ressentir !
De plus, pour la majorité des médicaments antiépileptiques, ces effets, bien qu’indésirables et parfois gênants, ne sont pas graves. Il s’agit surtout de vertiges, troubles de l’équilibre, fatigue, maux de tête, troubles digestifs, parfois vision double.
Le plus souvent, ces symptômes s’estomperont en quelques jours, parfois quelques semaines, le temps que le corps s’y habitue. La présence de tels effets secondaires lors de l’initiation du traitement ne nécessite donc généralement pas souvent d’arrêter ce traitement. En revanche, la survenue d’une réaction allergique, (par exemple une éruption cutanée, des démangeaisons, un gonflement du visage,…), d’hématomes, d’ulcérations dans la bouche nécessite alors un arrêt du médicament en cause et une consultation de votre médecin. Il faut savoir que certains médicaments peuvent aussi jouer sur l’humeur, parfois sur le caractère, et qu’il faut alors en parler à votre neurologue.
Dans tous les cas, n’hésitez pas à contacter votre médecin, et évitez de modifier vous-même votre médicament (ou la posologie de votre médicament).
Les génériques contiennent la même substance active que le médicament de la marque originale. De nombreuses études ont montré qu’ils étaient aussi efficaces que les formes ‘princeps’, c’est-à-dire de la marque originale. Le plus souvent, ces génériques ne posent donc pas de problème. Il est tout de même recommandé de prendre toujours la même marque de médicament, dans la mesure du possible, car les excipients (substances associées au principe actif) varient d’une forme à l’autre, et qu’ils peuvent parfois, rarement, entrainer des variations des vitesses d’absorption du médicament dans l’organisme. Le plus souvent, ces variations ne sont pas ressenties par les patients, sauf dans une faible minorité de cas.
La plupart des médicaments anti-crise doivent être pris de préférence au cours ou après le repas, afin de ralentir l’absorption du médicament et de limiter les effets secondaires. D’autres traitements sont à prendre de préférence avant le coucher, du fait de leur possible effet sédatif. Conformez-vous à la recommandation de votre médecin.
Certains médicaments nécessitent de faire une prise de sang régulière pour vérifier la bonne tolérance des médicaments, notamment sur le foie, et surtout dans la 1ère année d’initiation du traitement.
D’autres ne nécessitent pas de contrôle spécifique et il n’y a donc pas besoin de prescrire une prise de sang régulière. Par ailleurs, pratiquer des dosages réguliers des médicaments dans le sang n’est habituellement pas utile (sauf cas particulier), les posologies étant définies par votre médecin avant tout sur l’équilibre de l’épilepsie (persistance de crises ou non) et sur le taux sanguin du traitement.