Le café et le risque de crise épileptique, n'est-il qu'une question de dose ? Découvrez l'épisode 22 traitant sur ce sujet
Dans une étude française multicentrique, une consommation de café élevée ou, au contraire, faible ou nulle, était associée à un risque accru de crises généralisées secondaires (BFTCS).
Lien vers le résumé en ligne : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34929474/
On vous laisse écouter !
Il s'agit d'une étude multicentrique française qui est tirée d'une cohorte de patients référés dans des centres spécialisés dans la chirurgie de l'épilepsie pour une éventuelle opération.
Au total, 619 sujets, dont 334 femmes, ont été inclus avec un âge moyen de 36 ans et de 18 à 77 ans. La durée moyenne de l'épilepsie a été prolongée puisque ce sont des patients qui, en moyenne, avait 18 ans d'épilepsie DRE.
Au terme des investigations, la localisation a été connue pour 465 de ces patients, temporal dans la grande majorité des cas, frontale pour 15 % pariétale 3 %, occipital 1,3 % et périsylvien 25,2 %. Tout ça pour dire que ce sont bien des patients qui souffrent d'une épilepsie focale localisée dans le cerveau pharmaco résistante, c'est-à-dire dont les crises persistent malgré les médicaments. Et la question est quel est le rôle éventuel de la consommation de café ?
La raison pour laquelle les patients sont interrogés. Et ils vont être classés dans quatre catégories qui sont symbolisées ici, qui peuvent être : « Je ne bois jamais de café" "je bois rarement du café", c'est-à-dire en moyenne moins de trois tasses par semaine, "je bois du café de façon modérée" et là, on est entre quatre tasses par semaine, jusqu'à trois tasses par jour ou alors la consommation est jugée élevée lorsqu'elle est supérieure ou égale à quatre tasses par jour de café à l'aide de cette classification que vous retrouvez ici. Consommation de café en pourcentage sur les 619 patients. On va comparer ça à la fréquence de survenue habituelle de leur crise moins de deux par mois, 2 à 5 par mois, 5 à 13 par mois, plus de treize par mois.
Et évaluer la relation qui s'établit entre cette survenue de crise et cette consommation, voire d'autres phénomènes, comme le nombre de médicaments antiépileptiques, la durée de l'épilepsie, l'âge au début, le genre, etc., etc. Alors pour se refocaliser sur la consommation de café.
En fait, ce qui va apparaître, c'est qu'un certain type de crise va être associé à différents types de consommation de café ou en tout cas, on va établir une certaine relation. Ce type de crises, ce sont les crises qui sont focales puisqu'il s'agit de patients présentant des épilepsies focales, donc un point de départ dans le cerveau et qui se généralise. On parle de focale bilatérale tonique, chronique si j'ose, c'est à dire des crises qui sont secondairement généralisées et si on prend la consommation modérée en référence. C'est ce que montre ce tableau ici. Il y a un risque augmenté avec l'intervalle de confiance de l'ordre de 2 fois supérieur lorsque la consommation est élevée, mais de façon remarquable, une consommation rare, c'est à dire, on l'a vu, moins de trois tasses par semaine ou nulle, absence de consommation va être aussi associée à un risque significativement plus élevé. Comme si de consommer de façon modérée du café avait un effet plutôt protecteur contre ce type de crise.
Je rappelle que généralisation secondaire alors que la consommation élevée ou l'absence ou la consommation faible de café étaient plutôt associée à un risque augmenté.
Pour reprendre les termes de la conclusion des auteurs, on retrouve, comme le suggèrent les modèles animaux d'épilepsie, un effet de la consommation d'alcool sur le risque des crises, qui est dépendant de la dose avec un bénéfice potentiel peut être lié aux effets cérébraux de la caféine sur la fréquence des crises focales se matérialisant tonique clonique, par rapport à des doses à la fois trop faibles ou trop élevés.
En pratique, ce qu'il faut souligner, c'est qu'il n'y a aucune raison de contre indiquer la consommation de café chez les patients présentant une épilepsie focale. En revanche, on peut recommander, en s'appuyant cette étude, le fait de ne pas dépasser la limite de quatre tasses par jour. Néanmoins, il s'agit d'une étude qui a certaines limites et il sera nécessaire de confirmer ces observations par un travail prospectif.
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